samedi 30 novembre 2013

La ville de Cotonou


COTONOU
Bien qu'elle n'en soit pas la capitale officielle (qui est Porto-Novo, établie par la Constitution et siège du pouvoir législatif), Cotonou est la première ville du Bénin, avec une population de 761 137 habitants en 2006. Elle s'étend sur des terrains qui avaient été cédés à la France par le souverain de Porto-Novo en 1868. Son essor est lié à celui des activités portuaires : au wharf construit en 1891 et devenu très insuffisant a succédé un port moderne établi de 1959 à 1965.
La ville a grandi sur le large cordon littoral derrière lequel s'est formé le lac Nokoué, qu'alimente un bras de l'Ouémé, et qui communique avec l'océan par un chenal coupant l'agglomération en deux parties. À l'ouest, le quartier commercial et administratif s'allonge en bordure de l'Atlantique : zone ancienne où survit le style colonial classique, lotissements résidentiels plus modernes où s'élèvent des villas entourées de verdure, très bel ensemble des « Cocotiers » près de l'aéroport. Entre ces quartiers et le lac s'étale la ville « africaine », bâtie selon un plan en grille presque parfait. À l'est de la passe, franchie par un pont mixte étroit, la route et la voie ferrée de Porto-Novo séparent une zone industrielle et un quartier résidentiel traditionnel, Akpakpa, dont la croissance est rapide.
De vastes franges urbaines se sont constituées autour des villages de la banlieue, par occupation sans titre de terrains, en dépit des avertissements officiels et des menaces permanentes d'expulsion. Le paysage se ressent de cette précarité : sous le couvert d'une dense végétation arborée où dominent les cocotiers s'entassent des cases en matériau végétal d'aspect assez pauvre, entourées de palissades fragiles, et l'équipement urbain y reste encore très sommaire.
Les fonctions administratives majeures, naguère concentrées à Porto-Novo, sont presque entièrement exercées par Cotonou, où résident le président et la plupart des ministres, et où se sont installées aussi les ambassades. Une université a été fondée en 1970 (Abomey-Calavi, à 15 km). Les activités de type primaire jouent encore un rôle important : pêche artisanale sur le lac Nokoué surtout, pêche industrielle en mer par une petite flottille de chalutiers, culture du maïs, du manioc et élevage de bovins sous les palmiers dans la banlieue immédiate. Cotonou abrite les deux tiers des industries du pays. Des maisons de commerce anciennes assurent l'importation des produits finis et l'expédition des denrées agricoles venant de l'intérieur du pays (oléagineux surtout), mais aussi du Niger, dont une partie des échanges passe, grâce à la route et à la voie ferrée exploitée en commun, par le port. Cotonou est aussi un centre de redistribution pour une zone qui dépasse largement les frontières : le marché de Dantokpa est fréquenté par des commerçants béninois, mais aussi nigérians, togolais et même ivoiriens.

jeudi 21 novembre 2013

Ouidah 92



Ouidah est connue pour le rôle principal qu'elle a joué dans la traite des esclaves au cours des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, où presque un million de personnes a été embarqué sur des navires et, depuis la plage de Ouidah, transporté à travers l'Atlantique. À l'origine, pourtant, Ouidah (autrefois Gléwé) n'était qu'un petit village dans un petit royaume de Xwéda, qui parvenait à subvenir aux besoins de ses habitants grâce à l'agriculture, la chasse et la pêche dans les lagunes côtières – loin des dangers de la mer et des marées.
La première rencontre entre Ouidah et les Européens eut lieu au cours du XVIe siècle. Même si la traite des esclaves le long de la Baie du Bénin  débuta aussitôt après, ce n'est qu'à la fin du XVIIe siècle que les marchands européens commencèrent à acheter des esclaves au royaume de Xwéda à large echelle, en établissant des forts et des comptoires dans la ville de Gléwé. Ce commerce assurait la prospérité au royaume jusqu'au moment de son invasion militaire, en 1727, par le royaume du Dahomey : ses citoyens furent tués, capturés et dispersés et le commerce avec les Européens passa aux main des Dahoméens.
La ville de Ouidah resta sous le contrôle des Dahoméens jusqu'à la colonisation de ces dernier par la France. La traite des esclaves fut extrêmement intense : vers le milieu du XVIIIe siècle la population de Ouidah atteignait le nombre de 10 000 habitants alors que l'économie était à son apogée. L'année 1818 a vu l'installation de Francisco Félix de Souza, connu par les Dahoméens sous le nom de Chacha, à la tête, au nom du royaume, de l'entreprise négrière. Ses descendants conservent jusqu' aujourd'hui une position importante dans la société de Ouidah.
Dans la mesure où les gouvernements européens dénonçaient la traite des esclaves comme brutale et injustifiable, le commerce négrier à travers l'Atlantique entrait dans son déclin. À la fin du XIXe siècle la ville de Ouidah commença à concentrer son activité économique sur l'exportation, beaucoup moins lucrative, de l'huile de palme. Alors même que le commerce négrier était bien à son déclin, commençait la répatriation de descendants des esclaves exportés vers le Nouveau Monde. Ils constituaient, pour la plupart, une troisième génération des réduits à l'esclavage au Brézil. De retour au Bénin (et particulièrement à Ouidah), ils apportèrent beaucoup de leurs coutumes et traditions. Aujourd'hui encore, plusieurs examples de l'architecture afro-brézilienne témoignent de cette période-là.
Le royaume du Dahomey (y compris Ouidah) fut colonisé par les Français en 1902 ; en 1962, pourtant, il obtint l'indépendance
Ouidah est le centre le plus important de la religion vaudou au Bénin et, probablement, dans le monde. En 1992, la ville accueillit le premier festival mondial consacré à l'art et à la culture du Vaudou. Par ailleurs, le jour du festival annuel du Vaudou à Ouidah, le 10 janvier, a été déclaré fête nationale.

samedi 26 octobre 2013

Lumière sur Philippe AKPO








Axé sur la biographie du Président Mathieu KEREKOU, cette troisième publication permet une meilleure connaissance et une meilleure appréciation des "hommes et de la gestion calamiteuse du Bénin" depuis le Renouveau Démocratique.




vendredi 25 octobre 2013

Se restaurer à Cotonou Part I

O Grill quartier Ganhi

Les restaurants et maquis en tous genres foisonnent à Cotonou, vous n'aurez donc aucun mal à trouver où vous restaurer. Je vous recommanderais quelques adresses dans mon prochain poste pour vous guider selon vos besoins ( commander à emporter, boire un verre, diner etc... )



mercredi 16 octobre 2013

Le marché Dantokpa


Une agitation permanente, plus de 20 stands, près de 30 000 ambulants répartis sur 22 hectares: bienvenue au marché Dantokpa.

mardi 15 octobre 2013

Visiter Parakou


Mosquée de Parakou 
De son vrai nom Karouko , le nombril en langue haussa, la ville de Parakou de par son histoire, apparaît comme le coeur d'une grande cité née des ruines du royaume des Kobourou connu pour son hospitalité légendaire et qui accueille à bras ouverts, tous les citoyens du monde entier.
De par son importance économique, Parakou est aujourd'hui la troisième ville du Bénin après Cotonou et Porto-Novo.

Que faire à Parakou ?

Festival Kobourou

Le Festival Artistique et Culturel Kobourou (FACK) est un créneau pour promouvoir la ville de Parakou. Ce Festival vient remplacer les Journées Portes Ouvertes sur le Partenariat Parakou-Orléans.
Le nom Kobourou lui est donné pour perpétuer la mémoire du premier Roi AKPAKI Kobourou de Parakou. Ce nom incarne aussi la culture de Parakou
Le FACK de Parakou s’est fixé pour objectifs principaux de contribuer à la promotion et au développement :
des arts et de la culture de Parakou ;
des artistes de Parakou ;
du Partenariat Parakou Orléans.

Habituellement, le Festival se déroule sur trois sites :
La Cour du Roi AKPAKI (l’ouverture),
Le CCF de Parakou où ont lieu les spectacles de musique et de théâtre,
Le Musée de Plein Air de Parakou il est prévu des spectacles de théâtre populaire.




Palais Royal

Le Palais royal KOBURU de Parakou
La demeure de l'aimable roi Bariba de la localité est située en descendant la pente à partir du musée, à portée de vue du Grand Marché.

Musée en plein air de Parakou

Le Musée de Plein Air : C'est un intéressant musée, quoique petit, de l'histoire Bariba et Peulh. La visite guidée est intéressante et recommandée.

Fête de la Gaani

Situé à 553 km de Cotonou et Capitale spirituelle, Nikki est le Haut lieu de la civilisation baatonou, où réside encore un roi avec une cour et les fameux joueurs de trompettes royales.
Nikki est aujourd’hui synonyme de Gaani ou la Fête des chevaux. Elle débute le jour de la naissance du Prophète Mahomet qui correspond au nouvel an baatonou et rassemble la communauté autour de son roi le SINABOKO.
La fête dont la date varie entreSeptembre et Octobre dure trois jours au cours desquelles sont organisé chants, danses et courses de chevaux.
La Gaani signifie joie, victoire (ou nassara). C’est une cérémonie tribale de caractère animiste célébrée par la suite sous le prétexte de la fête musulmane. C’est la fête de la danse ayant pris des formes avec l’ère Wassan’gari qui a introduit des changements socio-économiques. C’est le moment d’extase où le peuple Baatonu se sent en vie, où il communie et se communique les souvenirs que des moments de tristesse allaient rendre désuets. Le réveil des meilleurs souvenirs, la naissance et la renaissance de la solidarité et de la fraternité. La compréhension de la société Baatonu à travers les méandres de ses valeurs culturelles. La Gaani, c’est un phénomène social total, une force vers laquelle concourent des éléments juridico-politiques, socio-culturels et esthético-économiques

Artisanat

L'artisanat dans la commune de Parakou se traduit par de petits métiers parfois modernes mais aussi à l'étape rudimentaire comme la peinture, la menuiserie, la mécanique, la bijouterie, la forge, la sculpture, le tissage, la soudure, la tapisserie, etc.
Les artisans sont globalement bien organisés. On dénombre 19 groupements ou associations de base constitués de 1 504 adhérents.
Ces groupements et associations de base sont regroupés en deux associations fédérales que sont:
- le GAAP : Groupement des Associations d’Artisans de Parakou;
- le CAP : Collectif des Artisans de Parakou.

Généralement, les sources de financement sont individuelles. Parfois, ils bénéficient de l'appui technique et financier d'ONG, d'institutions de micro finance ou de projets d'appui à l'artisanat



Source :http://www.benin-tourisme.com/ville-benin.php?ville=12&region=2


Le trio de chanteuses TERIBA



C'est un trio féminin originaire du Bénin. Zékiath, Tatiana et Carine constitue le Trio Tériba ("humilité" en yoruba). Chanteuses et danseuses, ces trois jeunes femmes ont été découvertes en 2002 à l'occasion de l'émissionBenin-Cadence. Mélange de musiques traditionnelles et de sonorités plus modernes, leur production fait la part belle aux chants a capella et aux polyphonies.

L'histoire de Cotonou



Cotonou ou ‘’la Lagune de la mort’’

Situé sur le Golfe de Guinée, Cotonou s’étend entre le cordon littoral de l’Atlantique et le lac NOKOUE.
Cotonou c’est-à-dire KUTONU - "la lagune de la mort"- tient son appellation, à l’origine, de la couleur rougeâtre des arbres qui bordaient le NOKOUE et qui laissaient penser à du sang, selon la croyance, celui des âmes des morts qui descendraient du fleuve OUEME, situé plus à l’Est, pour se jeter dans la mer Atlantique.
Créée sur l’initiative du roi Ghézo d’Abomey en 1830 pour des besoins liés essentiellement à la traite négrière pour laquelle, KUTONU devenu Cotonou servait de point de transit et d’embarquement. Porte océane du Bénin ex Dahomey dont elle est la première ville, l’origine de Cotonou, liée à l’emprise des rois d’Abomey sur le littoral Atlantique depuis le XVIIIème siècle, se trouve ancrée dans le plein champ de l’histoire de l’esclavage et de la colonisation. (En savoir plus, Ainsi naquit une ville)
A la fin du 19 siècle, Cotonou s’est développée à partir de quelques villages de pêcheurs situés à l’Est et à l’Ouest de la lagune. En 1888, le territoire de la ville a été cédé à la France par le roi d’Abomey, ce qui eut pour effet l’accélération du processus de son développement.
Bâtie au-dessous du niveau de la mer sur un terrain sablonneux et marécageux, cause de l’inondation dont la ville est sujette en saison de grande pluie, le plan architectural de la ville de Cotonou est typique de l’urbanisation africaine peu européanisée.
Ville cosmopolite, Cotonou réunit toutes les ethnies du pays.
A partir du noyau originel Toffin, peuple lacustre, la cité s’est progressivement enrichie de toutes les ethnies du Bénin. Certains quartiers en portent la marque.
Dans cette dynamique, le quartier de ville ‘’Guinkomey’’ signifie ‘’sur la terre des populations Guin’’, des peuples venues de Grand Popo et d’Agoué pour participer naguère à la construction du Wharf de Cotonou. De même ‘’Xwlacodji’’ désigne la zone de prédilection des peuples Xwla venus également de l’Ouest du pays pour exercer sur le littoral, des activités liées à la pêche. (En savoir plus, Un quartier, une histoire, PDC).
Aujourd’hui, Cotonou est devenue une représentation du Bénin en miniature et sa croissance accélérée est entrain de donner naissance à une vaste « région urbaine » allant de Porto- Novo (à l’Est) jusqu’à Ouidah (à l’Ouest) et Abomey-Calavi(au Nord).
COTONOU AUJOURD’HUI : ‘’Vivre l’Excellence dans la Solidarité’’
La Ville-Département Cotonou a connu un développement important. Tant du point de vue architectural, économique que démographique.
Aujourd’hui, principal centre économique du Bénin, elle en est également le centre politique et administratif.
Suite à la réforme administrative et territoriale dont l’aboutissement a été l’élection communale et municipale organisée en 2002, la ville de Cotonou dispose d’une administration locale décentralisée depuis 2003 et nourrit plus que jamais l’ambition d’être l’une des villes phares de l’Afrique de l’Ouest.
Malgré sa petite superficie, 75 Km², n’est-elle pas l’unique ville du Bénin dont le périmètre correspond à une circonscription territoriale, le département du Littoral, preuve s’il en fallait de son importance ?
Commune régit par un statut administratif particulier, la ville de Cotonou compte 13 arrondissements qui regroupent 145 quartiers de ville dont les principales sont :
Placodji, Sikècodji,Gbédokpo, Gbéto, Ayélawadjé, Missessin, Sègbèya, Sodjèatinmè, Yénawa, Sènadé, Avrotou, Dantokpa, Aïdjedo, Ahouansori, Saint-Michel, Dagbédji, Sainte Rita, Kouhounou, Fifadji, Cadjèhoun, Djomèhountin, Gbégamey, Houénoussou, Vodjà, Dandji…
Malgré les limites que lui imposent les marécages et les lagunes, en dépit des problèmes d’inondation, l’avenir de Cotonou s’annonce très prometteuse avec les grands projets de développement initiés par la municipalité actuelle.
La nécessité d’apporter des solutions durables aux problèmes d’inondations n’a, en effet, d’égal que la motivation du Maire de la ville et des pouvoirs publics à oeuvrer pour la réalisation de projets de construction de grands collecteurs, de pavage et d’assainissement des voies urbaines.
De nouveaux quartiers érigés à l’Est et à l’Ouest offrent la possibilité d’un urbanisme qui s’inscrit dans le développement durable et visant à faire de Cotonou, une communauté urbaine moderne.
Le prodigieux développement de la ville ces dernières années étonne.
Source:http://www.mairiedecotonou.com

lundi 14 octobre 2013

Souradjou Alabi et son groupe : Akpala music de Porto Novo

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La culture du maïs au Bénin

Le choc : film béninois

Égun du Bénin, la difficile traversée des âges


Le culte Égun : « Les morts ne sont pas morts »

Dans la ritournelle de son célèbre poème « Souffles », Birago Diop évoque à loisir les fondements du culte aux ancêtres divinisés en Afrique :« les morts ne sont pas morts ». Au Bénin, la croyance aux morts revenants provient des yoruba venus du Nigeria voisin où la tradition situe l’origine des rites funéraires au XIVe siècle.
Oranyan, fondateur de la ville d’Oyo ayant trouvé la mort à Ilé-Ifè, berceau de la civilisation yoruba, son fils, le roi divinisé Shango, ne pouvant rapporter sa dépouille, décida d’y ramener au moins son esprit en organisant à Oyo une cérémonie particulière qui deviendra celle des Égun. Il s’agit d’un hommage des vivants aux défunts afin que ceux-ci accèdent à une vie meilleure outre-tombe pour revenir aider leur famille.
Ainsi, les Égun sont sollicités lorsque le climat familial se dégrade et interviennent pour y mettre de l’ordre. Ils sont aussi présents pendant les cérémonies de mariage, de baptême, d’inauguration de maison, de fêtes annuelles et surtout de décès. En principe généreux, ils sont capables du pire s’ils sont ignorés, délaissés ou sous-estimés.
Kuvito (revenant)La présence de familles et lignages yoruba au Bénin est étroitement liée aux migrations volontaires, à la traite et au système esclavagiste africain qui ont eu cours sur la « Côte des Esclaves ». Au Sud et au Centre du Bénin, on note aujourd’hui beaucoup de lignages yoruba adeptes d’Égunmais aussi d’autres lignages, yoruba ou non, inscrits dans une autre tradition de culte aux ancêtres.
Malgré la dynamique religieuse de la conversion au christianisme et à l’islam, le culte des « revenants » est pratiqué aujourd’hui dans de nombreux lignages par ceux qui y sont restés fidèles ou qui l’ont embrassé plus récemment. Une affiliation que bon nombre de gens cumulent avec une adhésion partielle au catholicisme ou, plus rarement, à l’islam.
Parmi les premières familles adeptes du culte à Ouidah, on retient les Olufade d’Almeida, Assani, Alapini, de Souza, pour ne citer que celles-là. Entre 1920 et 1930, le nombre de familles adeptes du culte des revenants a augmenté progressivement. Dans les décennies suivantes, le culte a gagné des lignages se rattachant à d’autres traditions de culte aux ancêtres, comme Ôrô, où les ancêtres reviennent sous la forme d’esprits faisant entendre des voix inarticulées et vrombissantes depuis des lieux réservés aux initiés.
Dans un contexte religieux fort marqué par une logique de cumul des puissances, le culteÉgun, a bien vite été adopté un peu partout au Bénin, avec des variances d’une région à une autre.
Toutefois, le relâchement des règles et interdits qui inspiraient jadis respect, crainte et admiration de cette pratique masculine à dessin, n’augure d’aucun lendemain gracieux. Bien des déviances contemporaines sont à souligner : l’exhibition de revenants sur des rythmes ivoiriens ou congolais, le recrutement d’adeptes allogènes, la cupidité et les voies de fait. Par ailleurs la violente croisade des nouveaux mouvements religieux chrétiens qui pullulent au Bénin maintient une pression plus pernicieuse que celle du celle de l’islam et du catholicisme contre les cultes endogènes.
Mais les adeptes d’Égun du Bénin sont bien conscients de la crise de croissance de leur culte. Déjà à Porto-Novo (capitale du Bénin) où les adeptes se sont constitués en association de défense de leurs intérêts, un règlement intérieur et des statuts codifient les activités de tous les couvents et les manifestations publiques des revenants.
Contrairement à l’orientation du régime révolutionnaire marxiste léniniste combattant toute forme de « mystification du peuple », le Renouveau démocratique en vigueur depuis 1990, appelant les béninois à un réarmement spirituel endogène a décrété le 10 janvier, Journée Nationale des religions traditionnelles en vue de la réhabilitation et de la sauvegarde du patrimoine cultuel et culturel national. Cela suffit-il à redresser la pente ?

René Georges BADA (Bénin)

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La question du handicap au Bénin

La photo du jour : les bronzes du Bénin


Les bronzes du Benin sont un ensemble de plus d'un millier de plaques de laiton originaire du Palais Royal du Royaume du Benin, dans l'actuel Nigeria. Les plaques ont été saisies par des soldats britanniques au cours de l'expédition punitive au Bénin en 1897 dirigée par Harry Rawson. Elles furent remises au Foreign and Commonwealth Office et environ 200 d'entre-elles ont été ensuite remises au British Museum à Londres, tandis que le reste a été réparti dans plusieurs musées.

African screal contest : l'album

Le Fâ : langage entre Dieu et les hommes


Le langage codé du Fâ

Sociologue, anthropologue, journaliste communicateur avec un master en Communication de Développement, Jules Affodji est ce qu’on appelle au Bénin, un grand initié du Fâ. Il a publié plusieurs documents sur le Fâ et son mémoire de maîtrise a porté sur « La Recherche Traditionnelle et le Fâ ». Il a fait plusieurs recherches sur le Fâ, depuis Lomé jusqu’au Nigeria. Au retour d’une cérémonie de prise de Fâ à Abomey, nous l’avons rencontré et il nous a livré une grande partie de ses recherches sur le Fâ.
Entretien avec Jules Affodji

Que diriez-vous si on vous demandait de parler de l’origine du Fâ ?

Parler de l’origine du Fâ, c’est trop dire. Mais ce que j’ai appris pendant mes recherches est que le Fâ est parti de quelque part en Egypte. La Haute Egypte. Mais lorsque vous allez aujourd’hui au Nigeria, on vous parlera de « Ilé Ifé » comme l’origine du Fâ. En réalité, Ilé Ifè est une ville où les gens ont beaucoup travaillé le Fâ. C’est une grande forêt dans laquelle, de jour comme de nuit, on entend toujours des sons de tam-tam. Il n’y a que les initiés qui ont le droit d’entrer dans cette forêt. Ilé Ifè est un mot Yoruba (Nigeria) qui rejoint le « Fètomè » fon (bénin), c’est-à-dire la transcendance, la maison de Dieu. D’autres parleront de Paradis. C’est pour cela que les gens pensent que le Fâ vient de là-bas. Chaque pays du Golfe de Guinée possède son langage codé de Fâ. Au Bénin et au Nigeria, on vous parlera de « Dou ». Le « Djogbé » par exemple est un signe. Lorsqu’il apparaît deux fois, on parle de « Gbémindji ». « Mindji » en Yoruba signifie « deux », les mina vous diront « Evé gbé », toujours deux signes. Je reprécise donc que chaque pays possède son langage de Fâ et il serait erroné d’attribuer son origine à un peuple. Le Fâ est considéré comme le premier prophète au monde et c’est lui qui a donné le nom à chaque objet. Au Nigeria, ce prophète s’appelle « Orumila ».

Quelle peut être l’importance du Fâ dans la vie d’un Être ?

Le Fâ est d’une importance indéniable dans la vie d’un Être. Le Fâ est un langage entre Dieu et les Hommes. C’est le Fâ qui détermine ce que peut être la vie d’un homme. Je prends l’exemple de quelqu’un qui ne doit pas manger un fruit donné et qui ne le sait pas. Après avoir consulté, après avoir pris le Fâ, il sera informé et il comprendra enfin le sens de certaines choses qui lui arrivaient. C’est ce qu’on appelle le « Zounyiyi » ou prendre son « kpoli ». Lorsque vous prenez le Fâ, vous êtes informé sur votre « Dou », sur le langage codé par lequel vous êtes venu au monde, bref, sur votre signe. On peut, à la suite d’une consultation dire à quelqu’un qu’il ne doit jamais cultiver la terre et qu’il est né pour être commerçant. C’est celui qui ignore son signe qui cherche de droite à gauche. Il est donc nécessaire qu’un homme prenne le Fâ. Je connais des Européens qui viennent me demander de leur trouver un Bokonon (consulteur de Fâ) qui va leur donner le Fâ.

Est-ce à dire que seul le Bokonon peut donner le Fâ ?

Exactement, seul le Bokonon connaît le langage codé du Fâ. Quand le « Dou » tombe, il y a des chansons spécifiques que le Bokonon doit entonner ou des paroles qu’il doit dire. Par exemple, lorsque le « Djogbé » sort, le Bokonon dira « Djogbé alihoun », ce qui signifie « la voie est ouverte ». Mais la voie peut être ouverte vers la mort ou vers la richesse. On vous dira aussi : « Hogba to ma gba do agbéto awoyo mè. Woin na whé bo kan na whé », ce qui signifie que « personne ne peut entreprendre une construction pour couvrir la mer. Il lui manquera toujours quelque chose ». Et celui qui est venu au monde sous ce signe ne sera jamais atteint par ces ennemis. Je reviens d’une cérémonie de prise de Fâ à laquelle j’ai été invité. Il y avait une personne à qui on a trouvé le « Gbé Winlin » et on lui a dit qu’il ne doit pas boire de l’alcool. On lui a aussi dit qu’il n’a pas un bonne manière de parler aux gens, ce qui fait que tout ce qui sort de sa bouche ne lui attire que des ennuis et que l’alcool ne fera qu’aggraver cette situation et le conduira à la mort…

Avec tous les charlatans qui existent aujourd’hui, comment peut-on reconnaître un vrai Bokonon ?

C’est vrai qu’aujourd’hui, il y a une grande tendance à la désacralisation de notre culture, c’est vrai aussi que le charlatanisme prend une grande ampleur. Mais lorsque quelqu’un lance le Dou, on sent tout de suite s’il est Bokonon ou si c’est un novice. Le Dou se lit de la droite vers la gauche comme l’arabe. Nous avons 356 langages codés dont seize principaux. Il est facile de détecter un faux bokonon.

Est-ce qu’on prend son Fâ juste pour connaître son signe ou peut-on aussi acquérir le pouvoir de devenir Bokonon ?

Prendre le Fâ, c’est d’abord chercher à connaître son signe. Mais lorsque tu prends le Fâ, tu deviens Bokonon en nature. Tu peux prononcer le non des signes sans attirer des malédictions sur toi.

Aujourd’hui, il y a des cours de Fâ. Ne pensez-vous pas que cela peut dénaturer le concept ?

Je dirai non, mais c’est à condition que le cours soit donné par un initié. N’importe quel Bokonon vous dira qu’il est resté auprès d’un autre Bokonon pour apprendre. Et je crois qu’il faudrait faire en sorte que le mythe qui entoure le Fâ soit levé afin qu’il soit accessible à tout le monde. C’est parce que moi je suis tout le temps avec les Bokonons que je maîtrise tout ce qui concerne le Fâ.

Donc, vous êtes Bokonon…

Je suis Bokonon, puisque je connais le langage codé. Mais je n’exerce pas puisque je ne possède pas le chapelet que les Bokonons lancent. Mais quand je suis avec un Bokonon et qu’il lance le chapelet, je peux interpréter le Dou qui est tombé.

Y a-t-il un lien entre le Fâ, le Vaudou et la Médecine Traditionnelle ?

D’abord lorsqu’on parle de tradition, je veux qu’on s’entende sur le fait qu’il s’agit bien de la tradition évolutive. Un guérisseur traditionnel doit consulter le Fâ avant de traiter n’importe quelle maladie avec les feuilles. Le Fâ peut lui dire OUI comme il peut dire NON. Quelqu’un peut attraper une maladie des suites d’une malédiction ou parce qu’il a été incorrect avec une personne âgée. Dans le premier cas, des feuilles peuvent le guérir. Mais dans le second cas, seul un repenti sincère peut le guérir. C’est le Fâ qui détermine tout cela. Je vous donne l’exemple d’un jeune homme qui s’est rendu chez un guérisseur traditionnel parce qu’il avait des maux de tête. Après avoir consulté le Fâ, le guérisseur lui a dit qu’aucun médicament ne peut le guérir. Tout ce qu’il a à faire, c’est de retourner à la maison demander pardon à sa mère qu’il a offensé, ou alors il ne guérira jamais. Aucun Vaudounon ne peut installer son Vaudou sans consulter le Fâ. Vaudou est composé de deux mots : le Vau qui signifie le Fètomè, la maison de Dieu et le Edou qui qui signifie Fâ, dans le langage Evé. Le Vaudounon consulte donc le Fâ qui lui dit le signe sous lequel il doit installer son vaudou. Les vaudounons et les guérisseurs traditionnels ne peuvent donc exercer sans consulter au préalable le Fâ.

Y a-t-il des femmes Bokonons ?

Oui, mais elles sont en nombre très réduit. Ceci parce qu’il y a des endroits où une femme en âge de procréer ne peut aller. Lorsque vous mettez les pieds dans ces milieux, vous n’aurez plus jamais d’enfants. Il y a des choses que la femme en période de menstruation ne doit pas faire. C’est pour cette raison qu’on exige que la femme atteigne un certain âge avant d’être Bokonon. Mais la femme peut prendre le Fâ. Elle peut aller dans la forêt de Fâ et connaître son Dou.

Nous avons connu au Bénin tout récemment une colère des Vodounons envers ceux que nous appelons les membres des religions importées. Donnez-nous votre avis sur la question.

Ma thèse de Master porte sur : « Le mécanisme Traditionnel de Gestion et de Règlement des Conflits au Bénin ». La tradition africaine recommande la paix. Les religions importées sont venues s’installer au Bénin et elles ont été accueillies à bras ouverts par les Bokonons, les Vodounons… les Hauts Dignitaires du Bénin. La preuve est que lorsque vous allez aujourd’hui à Ouidah, vous aurez la Basilique Catholique juste en face des Vodounons, plus précisément devant le Temple des Pythons. Il en est de même dans plusieurs villages du Bénin. Ce genre de choses n’existe nulle part ailleurs. Avec l’arrivée des Eglises évangéliques, les problèmes ont commencé. Ces derniers n’ont que des injures à l’endroit des Praticiens du Fâ, des Vaudounons, des Praticiens de la Médecine traditionnelle… bref, de nos cultures. Ils disent que le Vaudou est le fétiche, que le Lègba est le satan. Les Dignitaires n’ont pas vite réagi car ils ont toujours des réactions très lentes. C’est parce qu’ils en avaient eu assez qu’ils ont décidé d’écrire au Président de la République, aux Institutions de la République, à tous ceux qui pouvaient les entendre pour se plaindre et exiger que les injures s’arrêtent. Si la guerre a toujours été évitée au Bénin, c’est surtout grâce à ces Hauts Dignitaires. En 1989, tout le monde s’attendait à une guerre ici, mais grâce aux prières et aux interventions des hommes de notre culture, elle a été évitée.

Oui, mais l’Église Catholique s’y était aussi fortement impliquée…

Je suis d’accord avec vous, mais nous avons fait ici de l’immersion culturelle. Les nôtres ne maîtrisant pas la langue française, ils ont accepté que les autres se mettent devant pour parler avec tout le monde. Mais les Catholiques connaissent le rôle que nos Dignitaires ont joué. Je dois dire que l’Eglise Catholique cohabite vraiment avec nos cultures. A Cotonou, vous avez le Centre Catholique SEGNON qui pratique les feuilles. Lorsque le Pape Jean-Paul II arrivait dans un pays, son premier geste, c’est d’embrasser la terre. Et chez nous, la terre symbolise le Vaudou SAKPATA…

Votre dernier mot

Je n’aurai pas de dernier mot, mais je vais continuer à dire que dans notre culture, il existe le bien et le mal. Je vais donc inviter mes concitoyens à privilégier tout ce qu’il y a de bien dans notre culture, à cultiver l’immersion culturelle et à être fiers de leur culture. Notre culture est riche, le Fâ est riche et par le biais du Fâ, vous pouvez sauver votre vie. Je remercie Afiavi Magazine de m’avoir permis de parler de ce sujet qui m’est très cher.

Réalisée par Elvire ADJAMONSI

Publié le  par afiavimagazine

La culture du riz au Bénin

Interview de Constant ASSOGBA et Paul RIGELO pour l'association Martinique-Bénin

Le train d'ébène au Bénin



Le long des 1200km de voie ferrée, vous irez à la rencontre des peuples béninois (Yoruba, Peuhls, Somba…), vous découvrirez les auberges et gîtes du Bénin profond : Abomey, Dassa, PArakou pour aller dans le pays Somba, le Parc du W et/ou de la Pendjari et retour sur Cotonou, la captiale économique du pays.

dimanche 13 octobre 2013

Visiter Ganvié




Inscrit au patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (UNESCO) depuis 1996, le village de Ganvié apparaît comme une cité pittoresque où il n’y a pas d’immeubles, ni arbres, mais seulement des maisons construites en bambou et couvertes de pailles ou de tôles, bâties sur pilotis au-dessus du lac Nokoué.
La découverte des merveilles de Ganvié se dévoile dés l’embarcadère d’Abomey Calavi, un emplacement très animé, fréquenté par des femmes, enfants, jeunes qui y mènent des activités lucratives ou ludiques. Au bout de cet embarcadère se trouve le quai conduisant directement sur le lac Nokoué, où les barques simples ou motorisées attendent les voyageurs.
Le voyage vers le village lacustre de Ganvié, situé à 8 km de l’embarcadère, dure une quinzaine de minutes. Généralement, les voyageurs préfèrent la barque motorisée, dont le prix est certes plus cher, mais qui garantit confort, rapidité, et sécurité. Tout au long de la traversée, se déroulent des parties de pêches effectuées par des enfants accrochés à leur nasse, communément appelé « Akadja ».
L’embarcation croise aussi des dames vaquant à leurs occupations commerciales, des jeunes revenant du Nigeria, lourdement chargés de bidons d’essence et/ou de pétrole.
L’histoire de Ganvié se confond avec ses premiers habitants, appelés aussi les hommes de l’eau ou Toffinous, originaires du Togo (les Adjakedos) et du Tado, au sud du Bénin.
« Suite à des guerres tribales, ces hommes sont arrivés avec leur roi Agbogdobé en 1717. Ce roi, puissant en Vaudoun, se métamorphosa en épervier, survola la lagune et découvrit l’île de Ganvié », raconte le guide touristique, Jean Zégueli. « Ses accompagnateurs restés sur la rive ne pouvant pas passer, il fit alors une autre magie qui le transforma en crocodile, transportant ainsi ses collaborateurs sur son dos.
Depuis, le crocodile est sacré à Ganvié qui signifie littéralement en fon (une langue du sud du Bénin). La collectivité sauvée », a-t-il ajouté. Le village lacustre de Ganvié est la révélation d’une architecture particulière : la construction des maisons sur pilotis dont les bois sont soigneusement étudiés suivant les rigueurs du milieu. Ce sont des maisons qui reposent sur des bois qui résistent à l’eau afin d’assurer la pérennité du chef-d’œuvre.
Les habitants vivent et mènent toutes leurs activités quotidiennes dans ces habitations solidement implantées. En dehors de son architecture particulière, Ganvié dispose également d’un marché flottant où les bonnes dames de ce village exposent leurs marchandises. Tout ceci est disposé dans une pirogue. Il existe toutes sortes de produits : du poisson, des condiments pour la sauces, du pain, du lait, notamment.
A Ganvié, on retrouve aussi des bars, restaurants et auberges pour permettre aux touristes de se reposer avant de reprendre le chemin du retour et aussi des centres socio - communautaires, notamment des écoles, des églises et des centres de santé. Au milieu du village lacustre, est aménagée la place royale où est érigée la statue du premier roi de Ganvié, le Roi Agbogboé, fondateur du village.

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Auberge chez théo

Chambre d'hôtes à Porto-Novo


mercredi 9 octobre 2013

Lumière sur l'artiste Romuald Hazoumé

Romuald Hazoumè est d'origine Yoruba, profondément marqué par le vaudou et grandit dans une famille catholique. Par sa double appartenance culturelle, Romuald Hazoumè fait l'épreuve d'une situation conflictuelle qui transparaît dans la création de son oeuvre, non pas réalisée suivant la tradition des Yoruba, mais totalement syncrétique à partir de matériaux de récupération. Au milieu des années 80, il réalise ses premières sculptures à partir de bidons en plastique qui après une intervention minimale, relatent subtilement sa vision critique des figures et des systèmes politiques africains. Hazoumè assemble des matériaux, rebuts et objets désuets, qu'il utilise tels quels ou qu'il forme ou déforme, pour représenter sa vision de la société, de faits événementiels ou de problèmes planétaires. Romuald Hazoumè réinvestit l'Histoire et ses recherches se traduisent dans des œuvres monumentales et percutantes, désignant son engagement contre toutes formes d'esclavage, de corruption, de trafic qu'il dresse comme les ultimes témoignages des dérives actuelles. 




Le Sodabi, une boisson bien béninoise


Marché Dantokpa, Cotonou, Bénin. Giulia Marchi (Tous droits réservés)



Le Sodabi —ou «vodka béninoise»— est la boisson la plus partagée au Bénin. Consommé sans modération dans les milieux défavorisés, au mépris des indications sanitaires, ou a contrario au sein de la couche sociale nantie qui fait le choix de la qualité, le Sodabi est consommé par snobisme et devient un produit de luxe.
Entre le frelaté distillé avec toutes sortes d’éléments nocifs, et le premier ou le deuxième degré à base de palmier à huile, le prix n'est évidemment pas le même. Il y a donc Sodabi et Sodabi. Dans la haute sphère de la société béninoise, il est plutôt servi à des hôtes de marque pour faire la différence avec les liqueurs importées d’Occident. «Qu’il soit du premier, du deuxième ou du troisième degré, l’eau-de-vie frappée du label Sodabi laisse toujours apparaître de petites bulles à la surface, longtemps après avoir été servie dans un verre», souligne un ancien ministre.

Une boisson accessible à tous

Les descendants de monsieur Sodabi ne sont pas peu fiers de leur ancêtre. Et pour cause: ce dernier a eu l’ingénieuse idée de transformer la précieuse huile de palmier en un alcool aujourd’hui très prisé. Avec 50 francs CFA (70 cents d'euros), on peut déjà s’en offrir un petit verre —un litre ne coûtant qu’entre 800 et 1.500 francs CFA (entre 1,20 et 2,30 euros), selon la qualité. Sans compter que l’on peut toujours marchander, comme le veut la coutume. Comme le chantait le célèbre Gnonnas Pedro«Le président, le ministre, le général, le préfet, le sous-préfet, le militaire, le commandant, le civil; tout le monde boit du Sodabi».
Malgré tout, la consommation d’alcool —en particulier celle du Sodabi frelaté— nuit à la santé, et ce sont les jeunes qui en paient le plus lourd tribut. «Les jeunes boivent, et ils boivent mal », confie l’évêque de Natitingou, monseigneur Pascal N’Koué, confronté quotidiennement aux ravages de cet alcool dans l’Atacora, au nord du Bénin.

Jamais sans mon Sodabi 

Pendant le régime révolutionnaire du général Mathieu Kérékou, entre 1972 et 1989, bien des responsables politiques et administratifs avaient tenté d’interdire la vente et la consommation de Sodabi. En vain. Car le commerce est on ne peut plus rentable, et les consommateurs dépendants sont prêts à braver tous les interdits pour un verre de «qui-me-pousse». C’est l’un des multiples noms donnés à cette boisson, avec «bioca-bioca» (pour biocarburant), «café blanc», «hélicoptère»… et bien d’autres variantes dans chaque langue locale. Il n’y a pas de rite vaudou, de célébration ou de cérémonie funèbre sans Sodabi.
S’il est produit dans la région méridionale du pays, c'est dans la région septentrionale qu'il est consommé en majorité. On ne compte plus le nombre de vendeurs de Sodabi qui y ont fait fortune. Les différents endroits où l’on en vend sont de véritables parlements populaires, des lieux de prédilection pour débattre de l’actualité politique nationale et des faits et gestes des princes qui gouvernent le Bénin. Rien d’étonnant à ce que le «qui-me-pousse » accompagne donc les hommes politiques béninois tout au long de leurs campagnes électorales.
Si seulement monsieur Sodabi pouvait savoir que son invention ne fait pas que des ravages en matière de santé publique, il dormirait certainement du sommeil du juste. Lui qui n’a heureusement —ou malheureusement— pas déposé la marque de son invention avant sa mort.
Marcus Boni Teiga
Source :http://www.slateafrique.com/259/benin-sodabi-alcool