jeudi 26 septembre 2013

Visiter la ville de Ouidah


Ouidah, autrefois également appelée Juda, est une ville du Bénin, située à 42 kilomètres de Cotonou. Sa population est actuellement d’environ60 000 habitants. Cette ville a été au xviiie siècle un des principaux centres de vente et d'embarquement d'esclaves dans le cadre de la traite occidentale.




Histoire 

Etablie sous le royaume de xwéda, la ville de Ouidah ( connue aussi sous le nom de gléhué ) est devenue célèbre à l'époque du commerce des esclaves.

Ouidah a été l’un des principaux points d'embarquement des esclaves vers les Amériques. Sur les onze millions d'Africains exilés par la traite occidentale) près de deux millions sont partis de la baie du Bénin, dont 60 % à partir des deux principaux ports à centraliser le trafic, Ouidah et Lagos.
Le site de Ouidah était « soigneusement isolé du reste du royaume afin de garantir le monopole royal ». En effet, sous le contrôle d'un grand dignitaire de l'État, le yovoghan (ce qui signifie littéralement « chef des Blancs ») il constituait l'interface commerciale entre les négriers européens et l'État négrier d'Abomey. Dans ce royaume relativement centralisé mis en place par le roi Agaja d'Agbomi (1708-1740), la traite négrière fut érigée en monopole royal par le roi Kpengla (1774-1789) et alimentée par de périodiques razzias aux marges du royaume, au bénéfice de l'ethnie des Fons.
Les esclaves étaient rassemblés sur une place pour y être vendus. Puis, ils parcouraient enchaînés les quelques kilomètres qui les séparaient de la plage. Enchaînés les uns aux autres, ils montaient dans des canots pour être entassés dans les cales des navires avant la longue traversée vers le Nouveau Monde. Persuadés que les négriers blancs allaient les manger, certains préféraient, lors du transport en canots, se jeter à la mer et mouraient noyés.
Ouidah constituant l'un des principaux ports d'exportation d'esclaves, plusieurs pays européens étaient présents sur place, disposant de forts spécifiques : fort français, fort anglais, fort danois, fort portugais, fort hollandais. Le roi et les élites du royaume pouvaient ainsi faire monter les enchères pour obtenir le meilleur prix pour la « marchandise » dont ils disposaient.
Dans le Bénin actuel, le souvenir de ces traites négrières orchestrées par le royaume d'Abomey n'est pas sans créer périodiquement des tensions entre les Fons et les ethnies situées plus au nord, qui ont eu à subir les razzias annuelles menées à cette époque et ont vu nombre d'entre eux condamnés à l'esclavage au-delà de l'Océan Atlantique4.
Le temple des pythons

La Porte du Non Retour en mémoire de la période esclavagiste.


C'est juste un petit sentier qui s'étire sur 4km , mais il fut emprunté par plus de 2 millions d'hommes et de femmes qui, chaînes aux pieds, embarquèrent dans les cales de navires qui devaient les emporter vers le nouveau monde. ( photo : porte du non retour, crédit : Toganim )
Quand on arrive à Ouidah au Bénin, en provenance du Togo voisin, l'entrée de la ville rappelle les années 70 et l'époque où le pays baignait dans le Marxisme-Léninisme. Après quelques kilomètres, un énorme monument en béton indique "Ouidah, citée historique". On emprunte alors une route goudronnée en mauvais état qui se dirige vers la mer et très vite, le passé colonial de cette ville ressurgit. De nombreuses maisons, chargées d'Histoire, portent les marques de leurs hôtes européens. Il faut dire que Ouidah est la principale ville ou s'établirent Portugais, Français, Britanniques, Espagnols et Hollandais pour procéder à ce qui restera dans l'Histoire comme une immense opération de déportation d'êtres humains: La traite négrière.
Bientôt un immense bâtiment blanc en forme de quadrilatère attire l'attention. C'est un fort portugais du 18ème siècle, dernier vestige intact de ce terrible passé. Gabriel, le guide de ces lieux, tient à annoncer son propre point de vue sur la traite négrière: "Si la traite des Noirs n'est pas directement imputable aux Africains eux même, il est indéniable qu'ils y ont pris une part importante et portent à jamais une partie de ce fardeaux sur leurs épaules". Sur les 11 millions de Noirs qui furent réduits en esclavage et déportés en Europe et en Amérique, plus de 2 millions ont embarqué depuis les plages qui bordent cette ville.
Au milieu du 15ème siècle, les Portugais et les Espagnols, grands navigateurs, découvrent de nouvelles terres dont le point d'orgue sera l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique. Très vite de nombreux hommes et femmes, quelques uns riches mais la plupart très pauvres, tentent leur chance dans ces nouvelles contrées ou ils exploitent différentes cultures et notamment celles des épices ou de la canne à sucre. Bientôt, il faudra davantage de main d'oeuvre pour produire plus. On exploite les amérindiens, mais ils ne tiennent pas physiquement les terribles conditions de travail qu'on leur impose et puis ils se rebellent. C'est ainsi que les Portugais, seront les premiers à importer de la main d'oeuvre africaine dés le début du 16eme siècle.
En Afrique, l'esclavage est un phénomène très ancien dont on retrouve les traces dans les écrits d'Hérodote ou dans des témoignages de l'Egypte ancienne. Les rois africains se livrent des guerres sans merci pour le contrôle des différents royaumes. Les prisonniers sont réduits en esclavage pour cultiver les champs ou être sacrifiés lors de rituel à la gloire des monarques locaux.
Quand les Européens débarquent, ils commencent par faire des razzia dans les villages côtiers pour se fournir en main d'oeuvre bon marché. Mais très vite, ils cherchent à nouer des relations avec les potentats locaux car il faut davantage d'esclaves et ils ne sont pas capables de s'aventurer à l'intérieur des territoires africains dont ils ne connaissent rien. Comme les Rois africains répugnent à vendre leurs propres sujets, ils vendent les prisonniers de guerre, les coupables d'adultère puis les victimes des razzia. Tous ces hommes et ces femmes emprunteront " la route des esclaves". Contre un canon, un Blanc peut espérer récupérer 15 hommes ou 21 femmes. Armes à feu, verroterie, alcool tout est bon pour procéder à des échanges et obtenir des esclaves.
Cette "route des esclaves" n'est pas symbolique, c'est une vraie piste qui conduisait les esclaves vers les bateaux des négriers. Elle était composée de 5 étapes : " La place des enchères " est le point de départ. Créée vers 1717 par le roi Ghézo qui décida qu'au lieu de tuer ses prisonniers, il pouvait en tirer un certain profit en les soumettant aux travaux forcés puis en les vendant pour les plantations des Blancs. Après la vente, les esclaves sont enchaînés et dirigés vers l'arbre de l'oubli. Cet arbre est la seconde étape sur la route des esclaves. Il participe d'un rituel chargé de faire oublier aux esclaves, leur pays et leur culture. Chacun d'eux doit tourner autour de l'arbre ( 7 fois pour les femmes et 9 fois pour les hommes ). Ce rituel terminé, ils partent vers la case de Zomaî. Il s'agit en fait de plusieurs cases dans lesquelles les esclaves sont entreposés en attendant l'arrivée des bateaux. Enfermés, dans une obscurité permanente, on leur ôte volontairement tout point de repère afin de les désorienter et de limiter les tentatives d'évasion ou de rébellion. L'attente dans les cases de Zomaî pouvait durer 4 mois. Quand les navires étaient ancrés au large, on ouvrait les cases et on triait les corps. De nombreux esclaves, mal nourris, décédaient dans ces cases, mais leur corps n'était évacué qu'à l'arrivée des bateaux et jeté dans une fosse commune. Les survivants étaient emmenés pour un dernier rituel vers l'arbre du retour. Cet arbre qui a survécu au temps, est toujours visible. Les esclaves y réalisaient différentes cérémonies afin de s'assurer le retour de leur âme sur leur terre natale. Ce rituel achevé, la dernière étape les emmenait vers un endroit au nom particulièrement évocateur : La porte du non retour. Cette porte est la dernière étape vers l'inconnu, c'est aussi la plus désespérante pour les esclaves qui pensaient qu'ils allaient être dévorés par les Blancs. Les plus courageux se suicident en ingurgitant du sable, en avalant leur langue ou en se jetant dans la mer afin de se noyer ou d'être dévorés par les requins.
Il faudra attendre le 27 avril 1848 pour voir signer le décret d'abolition de l'esclavage en France. C'est sous la pression, entre autre, des philosophes des Lumières que la prise de conscience devient effective sur ce sujet dramatique. Il existe désormais au Bénin une "porte du retour " par laquelle une partie des anciens esclaves sont revenus sur leur terre d'origine. De Souza, Da Silva, Bruce, D'almeida sont autant de patronymes désormais communs dans cette partie de l'afrique de l'ouest, comme autant de stigmates d'un passé tumultueux.
Source : http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/2010/03/08/1976075_traite-des-noirs-la-route-des-esclaves-de-ouidah.html



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